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Les nouvelles technologies au service de l’architecture?

Les nouvelles technologies prennent de plus en plus de place dans nos vies privées et professionnelles. Le secteur de la construction n’est pas en reste dans ce domaine. En effet, les technologies semblent  devenues des outils indispensables pour répondre à des  exigences de plus en plus nombreuses et sévères : isolation, environnement, sécurité, entretien… 

Dans ce contexte, de nombreuses conférences ainsi que la presse spécialisée font actuellement largement écho du BIM pour  «  Building Information Model ». Voir par exemple la conférence donnée par  l’Union professionnelle des architectes (UBA-BUA). L’Association belge des entrepreneurs des grands travaux (ADEB – VBA) a quant à elle édité un guide de bonnes pratiques disponible gratuitement sur son site. Quant à nos voisins français, ils vont rendre progressivement obligatoire la maquette numérique dans les marchés publics d’Etat en 2017, afin de se conformer  à la directive européenne « marchés publics » votée le 15 janvier 2014 et qui encourage les pays de l’UE à utiliser le BIM dans leur projet de construction. 

Cet acronyme BIM fait donc référence à une maquette numérique tridimensionnelle où les objets qui la composent contiennent de nombreuses informations sur leurs caractéristiques et leurs interrelations. Cet outil est présenté comme une véritable révolution et comme un atout non négligeable pour la prise en compte des nombreux paramètres. Bien sûr, comme toute nouvelle technologie, le BIM divise. Alors qu’en est-il, le BIM est-il une menace ou une révolution pour l’architecture ?

Les indications issues du BIM complétent la description purement géométrique de la forme du bâtiment et constituent une réelle base de données propre au projet. Si cette fonction était déjà relativement présente dans certains logiciels auparavant, la nouveauté réside dans la maquette comme lieu d’échange et de compilation de toutes les données du bâtiment, fournies par les différents intervenants et relatives à toutes ses phases : conception, construction, entretien, gestion…

Le BIM présente donc un certain nombre d’avantages et notamment :

  • la possibilité de « construire avant de construire » par la visualisation 3D et donc la vérification et l’optimisation des choix avant le chantier ;
  • la création d’un fichier unique complet qui suit le bâtiment ;la cohérence entre les différents documents ;
  • un gain de temps et d’argent par la centralisation et la vérification de toutes les données,  l’utilisation d’objets prédéfinis paramétrables, des solutions standardisées… ;
  • l’intégration de logiciels d’analyse/ étude (ensoleillement, éclairage, évacuation..) ;
  • la collaboration, la concertation et la communication entre les différents partenaires.

Evidemment, il y a un revers à ceux-ci :

  • le prix important des logiciels et leur nécessaire maintenance ;
  • l’investissement en temps et en matériel pour la mise en place et la formation du personnel ;
  • le niveau de détail important dès la conception qui peut favoriser une certaine rigidité et un manque de créativité ;
  • la nécessaire concertation entre les différents partenaires  avant les phases de conception pour définir la structure du modèle et  la manière de partager le fichier ;
  • la valorisation financière au niveau des honoraires ;
  • l’uniformisation et la créativité moindre par l’utilisation d’objets prédéfinis ou standardisés et une plus grande difficulté pour modéliser des bâtiments complexes.

S’il est cohérent que le BIM suscite certains questionnements, le travail collaboratif et la communication accrue entre les différents partenaires tout au long du processus semble être une réelle avancée dans le domaine.  Dans cet échange, l’architecte se positionne comme référent principal et coordonne l’ensemble. Ce rôle est à la base même de sa mission– voir à ce sujet la définition de l’architecte du conseil de l’Ordre, même si celle-ci est parfois perdue de vue par les autres intervenants.

S’il semble logique pour arriver à la construction d’un bâtiment de travailler main dans la main, il faut reconnaître que ce n’est pas toujours aisé, chacun ayant des responsabilités et des objectifs non constamment compatibles avec ceux des autres intervenants. Avoir une base de travail commune en 3D semble apporter des solutions pour (re) créer une nécessaire communication entre tous. En cela, la définition de BIM a évolué pour devenir également «  Building Information Management » soit une plateforme d’échange qui combine les données de chacun dans une maquette numérique.

Face à la crainte de la perte de créativité le BIM nous apparaît avant tout comme un moyen pour transformer une pensée en un bâtiment concret adapté à son époque. Le BIM est donc un outil, il ne remplace ni la pensée architecturale, ni l’ingéniosité, ni la compétence des entreprises. Le résultat final dépend de la manière dont il est utilisé. Le plus dur, comme dans tout changement, est la nécessité de revoir et d’adapter ses habitudes et réflexes.

Le BIM s’avère également nécessaire pour pouvoir suivre les autres avancées technologiques, comme le scan 3D d’un bâtiment, obtenant ainsi une maquette numérique précise de l’état réel du bâtiment. Ou encore l’impression 3D comme en témoigne un pont métallique à Amsterdam bientôt  en « impression ».

Le BIM a donc l’aspect tout de l’outil idéal pour construire mieux et durablement, pour maîtriser les coûts lors de la construction et tout au long du cycle de vie et pour permettre à tous les acteurs concernés de travailler et de s’informer sur un mode collaboratif.

Pour compléter cette information : vidéo explicative du processus openBIM